Le syndicat des douanes dénonçait le 25 mars dernier, le « manque de maturité administrative du cabinet dans la gestion des administrations sous tutelle ». Et, le juge par excellence qu’est le temps lui donne raison. Christian Yoka, cadre et expert AFD, « révélation du gouvernement Makosso III » ignore ses compétences en matière de nomination et va d’un scandale à l’autre et devient l’otage de ses propres conseillers.
Profitant de cette faiblesse les grosses-légumes et mercenaires qui écument son cabinet font du ministre des finances, du budget et du portefeuille leur marionnette, le poussant jusqu’à usurper des compétences de sa hiérarchie ou de ses directeurs généraux en la matière.
Le premier péché capital de Christian Yoka outre le fait qu’il « soit étranger à son pays qu’il a quitté à 15 et ne connaisse rien des arcanes politiques et de la finance du Congo », est d’avoir sans enquête de personnalité, reconduit la quasi-totalité des conseillers, attachés aussi sulfureux que maffieux qui avaient radicalisé Andely II puis Ondaye contre leurs techniciens principaux, les manipulant à souhait. Ces conseillers et attachés les ayant isolés y compris de leur chef hiérarchique les ont poussés à tellement de bêtises, au point où Andely II a très vite remercié et Jean Baptiste Ondaye est entré dans l’histoire comme le plus piètre et le plus éphémères des ministres des finances du système DSN au sein duquel « même des moins que rien », survivent aux réaménagements gouvernementaux.
MÊME CABINET, MÊMES DEFAUTS, MÊMES INSTINCTS
En effet, sous la pression de ses experts au cabinet, Jean Baptiste Ondaye avait nommé de force l’un desdits experts, directeur général par intérim de la Caisse congolaise d’amortissement (CCA),en lieu et place du premier ministre chef du gouvernement, et fait passer son choix au conseil des ministres. Conséquences, ce dernier a été viré après des incongruités ayant conduit au blocage de son bureau par des agents révoltés. Martin Obami a été un éclair en tant que DG de la CCA. De même, le cabinet avait fait que sans consulter, ni prendre l’avis du directeur général du trésor public, Jean Baptiste Ondaye nomme unilatéralement les directeurs généraux adjoints du trésor sur la base d’un organigramme fabriqué de toute pièces. Les suites sont connues.
Et, ces mêmes conseillers dont certains ont poussé Andely II à haïr ses propres directeurs généraux nommés en conseil des ministres avant son retour au gouvernement et qui sont seuls responsables de sa chute, ces mêmes mercenaires qui ont causé la perte d’Ondaye sont reconduits en l’état par Christian Yoka. Incapables de se passer d’un défaut devenu leur habitude, ils font pire avec Yoka.
CE QUE PREVOIT LA LOI SUR LES NOMINATIONS
Pourtant, le ministre était averti à temps par les syndicalistes qui faisaient part de leur « indignation au regard des constatations relatives au non-respect…des procédures de nominations et de passations de service objet des notes de service N00293, 0294,0295 et 0296/MFBPP-CAB du 21 mars 2025 pour les nominations N00716/MFBPP-CAB du 24 mars 2025 pour les passations de service ». Ils fustigeant « des mauvaises pratiques de gestion administrative d’une époque révolue » et rappelaient « que la gestion des administrations sous tutelle est régie par les lois et règlements propres à assurer le fonctionnement harmonieux des structures administratives de l'Etat, plus principalement par la loi 068-2022 du 16 aout 2022 portant statut général de la fonction publique ».
Ils avaient à l’époque rendu service au ministre des finances en indiquant que « les choix des nominés n'ont pas obéi au respect des dispositions de l'article 18 de la loi 068-2022 qui stipulent que les choix en matière de nomination aux différents emplois d'un corps, de mutation, d'affectation ou de changement d'affectation, sont opérés en fonction du mérite des agents et des besoins de I' administration. Objectivement le mérite d’un agent public ne peut être déterminé que par son supérieur hiérarchique direct et que les besoins ne peuvent être exprimés que par le chef de la structure concernée ».
Christian Yoka était mis au courant que le pouvoir discrétionnaire du ministre est assoupli par les dispositions légales de l'article 18 de la loi 068-2022 qui lui demandent de « solliciter et de recueillir des propositions et des avis relatifs aux nominations émanant de l'administration sous tutelle, qui gère au quotidien les agents, qui est censée tenir le fichier du personnel et, avoir une maitrise des compétences susceptibles d'être proposées aux postes à pourvoir, tout en évitant le népotisme et les rapports objectifs ». Hélas, le ministre persiste dans les fautes en laissant tout à l’initiative des influenceurs de son cabinet.
UN MINISTRE AU SERVICE DE SON CABINET
Des indices orientent que Christian Yoka est piégé par des membres de son cabinet et devient en réalité leur marionnette. Ces derniers profitent de son ignorance des procédures administratives et de sa naïveté pour placer leurs pions dans les administrations financières prestigieuses. Et, deux noms de conseillers reviennent dans toutes les investigations au cabinet du ministre sur le dossier du trésor public. Après avoir réussi leur coup aux douanes où des nominations de responsables ont eu lieu à l’insu du directeur général malgré sa parfaite connaissance de ses collaborateurs immédiats qui doit être associés selon la loi. Le Dg serait surpris d’apprendre sur internet qu’il y a eu de promotions dans son administration.
Il a failli en être autant aux impôts. Dans la Sangha par exempel, un cadre qui garde l’argent de l’Etat chez lui, dans sa maison sans aucun contrôle, suspendu par le préfet à titre conservatoire et en raison de l’état de nécessité, est maintenu dans ses fonctions. Il serait « le protégé d’un membre du cabinet » et il y aurait même des propositions globales de la direction générale dans la quête de la performance. Mais étant donné que les grosses-légumes du cabinet Yoka ne se retrouveraient pas, ils auraient classé ce dossier, alors que le pays est en crise.
COUP D’ETAT EN COURS AU TRESOR PUBLIC
La tentative actuelle, la plus grave et plus osée concernerait le trésor public. Des conseillers influents du ministre Yoka ayant un goût immodéré de l’argent n’observent pas de répit malgré les mésaventures d’Opa et de Niabia à qui ils ont miroité les postes de DG douanes et des impôts. Cette fois-ci, ils s’obstinent au trésor public où des cadres auraient versé des acomptes pour être nommés directeurs. Là aussi, les mêmes deux noms de conseillers reviennent. Ce qui est grave, c’est que des sources sécuritaires indiquent que le cabinet, sans avoir demandé au ministre de consulter le directeur général comme le prévoit la loi pour les nominations à ce niveau, lui aurait fait signer la note portant les noms des directeurs à nommer, à la signature du chef du gouvernement.
Or, Christian Yoka devait, après consultations et le travail avec le directeur général du trésor, soumettre le projet au chef du gouvernement. Celui-ci, à son tour devait avoir une séance de travail sur le projet de nomination avant de signer. « Pour imposer leurs cas, ils ont demandé au ministre de signer la note avant le PM, alors qu’il doit signer qu’après le premier ministre », raconte un cadre qui aurait son nom sur le projet imposé au premier ministre.
COLLINET DOIT VEILLER
Reste à savoir si le projet de nominations des directeurs centraux à la direction générale du trésor public est arrivé au secrétariat du premier ministre. Reste aussi à savoir si ce dernier se rend compte de l’arnaque et du piège tendu peut-être inconsciemment par le ministre Yoka qui pourrait ignorer qu’il est piégé, à la solde et au service de son cabinet qui résout ses propres situations au détriment de l’Etat. Reste également à savoir si Anatole Collinet Makosso, le premier ministre sait qu’il nomme sur proposition du ministre et non sur imposition de ce dernier.
Le chef du gouvernement qui se bat pour la restauration de l’autorité de l’Etat devra le rappeler à l’ordre son collaborateur. Malgré la crise, le premier ministre devrait reprendre les séminaires gouvernementaux, au moins organiser une session sur la gestion administrative et sur sa circulaire relative à la gouvernance tenant compte de l’impertinence du ministre des finances dans la gestion administrative des nominations et de ses collègues qui usurpent les pouvoirs dévolus au chef du gouvernement et piétinent les prérogatives des directeurs généraux.
En effet, le ministre des finances qui sort d’une administration internationale mais, qui commencent à laisser interrogateurs l’opinion sur ses compétences et de sa lucidité devrait aussi se réveiller et se débarrasser des conseiller qui lui créent trop d’histoires entamant sa crédibilité. Un ministre soumis à son cabinet, donc otage de ses propres collaborateurs c’est du jamais vu.
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