TELEVISIONS ET MEDIAS SOCIAUX AU CONGO : LE DR JONAS CHARLES NDEKE PRESENTE LES DEUX TOMES DE SON ŒUVRE
Lundi 3 mars 2025, l’hôtel Radisson Blu à Brazzaville a accueilli la présentation officielle des ouvrages « Télévisions et médias sociaux au Congo » tomes 1 et 2, rédigés par le Dr Jonas Charles Ndeke. Ces livres, publiés le 12 décembre 2024 par les Éditions L’Harmattan Congo, offrent une analyse approfondie du paysage médiatique congolais entre 1990 et 2018.
La cérémonie a réuni un public diversifié : universitaires, professionnels des médias, étudiants, représentants des institutions publiques. Occasion pour l’auteur d’expliquer le but de son labeur, comprendre l’impact du contexte socio-historique sur la production et la réception de l’information au Congo.
Le Tome 1, intitulé « Positionnement informationnel et espace public (1990-2018) », se penche sur le rôle des chaînes nationales, notamment Télé-Congo et DRTV, dans la diffusion de l’information. L’auteur y interroge les raisons de leur orientation éditoriale et explore les différents types d’espaces publics en œuvre au Congo, qu’ils soient nationaux, transnationaux ou liés aux médias sociaux.
Le Tome 2, « Appropriation de l’information et espace public (1990-2018) », s’intéresse à la manière dont les Congolais s’approprient l’information diffusée par les journaux télévisés et les médias sociaux. S’appuyant sur une enquête menée auprès de 400 téléspectateurs et internautes, l’auteur analyse l’impact du contexte de réception sur la perception de l’information et la formation de l’espace public.
Lors de la présentation, le Dr Ndeke a souligné l’importance de ces ouvrages pour les étudiants, chercheurs, professionnels des médias et décideurs politiques. L’assistance a reconnu la pertinence, l’actualité et le futurisme des ouvrages, estimant qu’ils apportent un éclairage nouveau sur les dynamiques médiatiques au Congo et ouvrent des perspectives pour une meilleure compréhension de l’évolution de l’espace public dans le pays.
Au nombre des thématiques clés abordées figure le positionnement des médias nationaux, précisément la télévision nationale congolaise et la première chaine privée de télévision, Digital radio télévision (DRTV).
Le docteur Jonas Charles Ndeke analyse la manière dont les principales chaînes de télévision nationales – Télé-Congo et DRTV – informent le public. Il met en avant les défis auxquels elles font face, notamment, « leur dépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, qui orientent souvent leur ligne éditoriale ». Le déficit de pluralisme et d’indépendance journalistique, qui réduit la diversité des points de vue présentés au public.
L’impact de ces médias sur la construction de l’opinion publique, en tant que principales sources d’information pour une large partie de la population congolaise. Ce thème soulève une question cruciale : les médias publics jouent-ils encore leur rôle d’informateurs objectifs ou sont-ils des instruments de communication politique ?
L’impact du contexte socio-politique sur l’information. L’auteur montre que la production et la diffusion de l’information au Congo ne peuvent être comprises sans tenir compte du contexte historique et politique.
Entre 1990 et 2018, plusieurs événements ont influencé le paysage médiatique : les transitions politiques et les crises sociopolitiques ont entraîné des périodes de forte censure et de contrôle des médias ; les périodes électorales ont accentué les tensions entre médias publics et médias privés, chacun adoptant des lignes éditoriales parfois opposées ; l’absence d’un cadre réglementaire solide a contribué à l’émergence d’un journalisme parfois partisan et à la difficulté d’établir une presse libre et indépendante.
Ce qui rend évident la difficulté d’établir une presse libre dans un pays où les médias sont souvent influencés par les jeux de pouvoir.
L’essor des médias sociaux comme nouveaux espaces d’information et de débat
Avec l’essor d’Internet et des réseaux sociaux, une nouvelle dynamique médiatique s’est imposée. L’auteur consacre un chapitre à l’analyse de l’impact des plateformes numériques (Facebook, Twitter, WhatsApp, YouTube) sur l’accès à l’information et le débat public. Il met en avant plusieurs constats. Pour lui, les médias sociaux permettent une plus grande liberté d’expression, en offrant une alternative aux médias traditionnels ; ils favorisent la circulation rapide de l’information, permettant au public d’être informé en temps réel sur des événements nationaux et internationaux.
Mais ils posent aussi le problème des fake news et de la désinformation, car l’absence de régulation facilite la diffusion de fausses informations. Ainsi, l’auteur s’interroge sur la fiabilité de l’information sur ces nouvelles plateformes et sur leur rôle dans la formation de l’opinion publique.
L’appropriation de l’information par le public congolais
Dans le tome 2 de l’ouvrage, Jonas Charles Ndeke se concentre sur la réception et l’interprétation de l’information par les Congolais. À travers une enquête menée auprès de 400 personnes, il tente de comprendre quels médias sont les plus consultés et pourquoi ; comment les Congolais perçoivent l’information diffusée par la télévision et les réseaux sociaux ; dans quelle mesure l’information influence-t-elle les comportements sociaux et politiques. Les résultats de son enquête révèlent une forte méfiance envers les médias traditionnels, jugés trop proches du pouvoir, et une forte dépendance aux réseaux sociaux pour accéder à l’information, bien que ceux-ci soient souvent peu fiables.
UNE RECEPTION ENTHOUSIASTE
L’événement a été marqué par des échanges dynamiques entre l’auteur et les participants, notamment des professionnels des médias et des chercheurs. Beaucoup ont salué la pertinence des thèmes abordés, soulignant que cet ouvrage arrive à un moment où la question du rôle des médias dans la construction de la démocratie congolaise est plus que jamais d’actualité. L’un d’eux a déclaré que ce livre est une ressource précieuse pour comprendre la transformation des médias au Congo. Il offre une analyse rigoureuse et apporte des éléments concrets pour penser l’avenir du journalisme dans notre pays.
D’autres intervenants ont souligné l’importance de promouvoir une presse libre et indépendante et de former les citoyens à une meilleure consommation de l’information afin de lutter contre la manipulation et la désinformation.
A noter que le docteur Jonas Charles Ndeke est docteur en sciences de l’information et de la communication de l’université Grenoble Alpes en France et membre associé du groupe de recherche sur les enjeux de la communication. Il est maître assistant CAMES à l’université Marien Ngouabi.
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