Afforestation et reboisement : le cas école d’Eco-makala au Nord Kivu présenté à la CIAR
L’expérience de ce projet innovant qui se développe depuis 2017 dans la province du Kivu, en République démocratique du Congo a été présenté dans une plénière au segment des experts de la Conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement (CIAR) le 2 juillet 2024, par l’expert de WWF, Inoussa Njumboket.
Eco-makala, la reforestation pour un approvisionnement durable des villes en bois, voilà le thème sous lequel le paneliste Inoussa Njumboket a retenu l’attention de l’assistance de l’un des panels les plus animés du segment des experts, après l’ouverture des travaux, consacrés à l’état des lieux de l'afforestation et du reboisement au niveau international, à l'urgence climatique, au rôle des forêts et impacts sur les vies humaines.
Un combat de WWF
L’exemple, les ambitions, les actions, les difficultés, les perspectives et le plaidoyer du projet Eco-makala présentés aux conférenciers intègrent la vision de l’une des plus grandes plateformes mondiales de défense et de protection de l’environnement WWF dont Laurent Some, le responsable Afrique des politiques et des partenariats a rappelé l’intérêt du combat à la CIAR.
Pour WWF en effet, « il est indéniable qu'en plus de fournir de l'air pur, de l'eau et des médicaments, la forêt est une source de richesse et de moyens de subsistance pour des milliards de personnes à travers le monde. Une bonne gestion de ce cadeau est un sacrifice digne de l'humanité » et, c’est « WWF exhorte donc toutes les parties prenantes à la conférence internationale du l’afforestation et le reboisement à répondre à l'appel, à faire davantage pour planter et entretenir des arbres, restaurer les écosystèmes dégradés en fournissant le soutien financier et institutionnel nécessaire pour contribuer à l'entretien et à la restauration de l'écosystème forestier…WWF plaide… en faveur d'un soutien financier accru au boisement et au reboisement dans le bassin du Congo, de la promotion d'une production durable de charbon de bois pour lutter contre la déforestation en RDC et du maintien de l'impact écologique de la certification du Forest Stewardship Council (FSC). Le WWF estime que ces trois piliers sont essentiels pour maintenir des écosystèmes forestiers sains tout en sauvegardant les intérêts des populations autochtones et des communautés locales, du secteur privé et des gouvernements de la région ». Et, c’est là tout l’intérêt du projet inédit Eco-makala.
Les innovations d’Eco-makala
Spécialisé entre autres dans un reboisement avec les espèces à croissance rapide, la production du charbon de bois durable, a déjà à son actif, 15 000 hectares d’arbres à croissance rapide autour du parc de Virunga dans le nord Kivu une province d’un million d’habitants environ à forte densité de population au kilomètre carré (300 à 400 habitants au kilomètre carré), en République démocratique du Congo. Il a aussi fait des émules dans le soutien des associations locales dans la production et la vente des foyers à charbon économiques et écologiques consommant jusqu’à moins de 50% de charbon que les foyers ordinaires. Eco-makala s’est aussi illustré par l’appui à la création des entreprises locales productrices de foyers à charbon dont Goma Stove demeure le porte étendard.
L’approche d’intervention sur la gouvernance, le plan technique et organisationnel d’ Eco-makala depuis sept ans exposés par Inoussa Njumboket, font des heureux et les chiffres parlent, même si des efforts sont encore nécessaire pour combler le besoin de consommation du charbon, de reboisement… qui ne sont pas entièrement satisfaits, malgré l’engagement et la détermination des acteurs.
En effet, l’orateur a dit que le projet travaille dans la promotion du charbon de bois avec plus de 11 000 ménages et 84 organisations de la société civile. Il a produit plus de 23 000 tonnes de charbon…plus de 130 000 foyers améliorés, formé 410 techniciens formés à la fabrication de ces foyers. Eco-makala a aussi mis en place 15 organisations productrices à Goma, Beni et Butembo et une entreprise gérée uniquement par les femmes…
Vision et plaidoyer
Depuis quelques temps, ce projet se focalise aussi sur les autres sources d’énergie. En perspective et, pour l’avenir il œuvre à l’obtention de davantage d’appui ou de subsides, un réseautage de planteurs, un système de rétrocession à travers les organisations de la société civile avec lesquelles le projet Eco-makala travaille.
« Plus d’un millions 300 000 dollars ont été générés au niveau de la banque locale et nous sommes en train d’assurer l’encadrement technique » a dit l’expert. Parlant des défis face à une production qu’il estime insuffisante, Inoussa Njumboket appelle à se serrer les coudes face à la concurrence déloyale imposée par le charbon illégalement exploité, la fabrication de foyers non améliorés, la taxation du charbon qu’il faudra détaxer pour que le projet qui a planté environ 15 000 hectares satisfasse Goma qui demande 60 000 hectares.
Cet engagement qui lui a valu des prestigieuses récompenses dont le prix Ashden sur les initiatives de pointe vertes et équitables demande au gouvernement de détaxer le charbon, de mettre en place un schéma directeur d’approvisionnement en bois, de mieux s’engager avec les partenaires, de pouvoir mobiliser plus de fonds.