POLITIQUE

Cuvette-Ouest : le Président du Conseil départemental viendra-t-il encore d’Okoyo ?

14 février 2024 par EBDIMIX

Avec un score sans appel de plus de ¾ de conseillers élus dans la Cuvette-ouest, le Parti congolais du travail (PCT) rempilera à la tête du conseil départemental, en cas d’élection après le rappel à Dieu inopiné du président Pierre Nzila.

Cependant, si personne ne dit officiellement le ras-le-bol des cinq autres districts de la Cuvette-ouest face à ce que depuis près d’un quart de siècle, seuls les originaires d’Okoyo se succèdent à la présidence de l’exécutif départemental, certains croient que l’heure de Kellé, Etoumbi, Mbama, Mbomo ou Ewo devra enfin sonner pour gouverner le Département.

C’est en réalité, « un appel à la réparation d’une injustice » que ruminent sous le couvert de l’anonymat des élites politiques de la Cuvette-ouest, étant donné que l’élection du successeur de feu Pierre Nzila originaire d’Okoyo, comme son prédécesseur Richard Eyeni, à la présidence du Conseil départemental de la Cuvette-ouest serait dans les tuyaux.


OKOYO PEUT-ÊTRE

Personne n’a officiellement annoncé sa candidature, ni fait une déclaration d’intention d’occuper la présidence du conseil départemental de la Cuvette-ouest qui vise à combler le vide occasionné par le décès de Pierre Nzila et abréger l’intérim qu’assure le conseiller et vice-président Régis Ayayos.

Cependant, quelques noms circulent sous les mentaux, parmi les élus du département, sans effacer la peur des non-originaires d’Okoyo qui se demandent si la présidence du Conseil départemental est une exclusivité de ce district, alors que le département en compte six.

« Sommes-nous des laissés pour comptes, sommes-nous aussi incompétents ou moins méritants que ça, qu’avons-nous fait de mal, pour que tout soit pour Okoyo et rien pour les autres ? Je parle de la présidence du conseil. Le PCT est majoritaire. Il devra normalement gagner si ses consignes de vote sont respectées par ses élus. Mais, il peut aussi avoir l’élégance et pratiquer l’équité en désignant un candidat qui ne soit pas d’Okoyo. Pourquoi croit-on que les autres ne doivent qu’accompagner ce district », s’offusque un élu qui estime que « trop c’est trop » et promet « de ne pas respecter la consigne de vote, si son parti retenait encore un gars d’Okoyo ».


UNE MESSE PRESQUE DITE ?

Depuis 2002, la présidence du conseil départemental de la Cuvette-ouest est aux mains de l’élite politique native du district d’Okoyo. « Cinq mandatures dirigées exclusivement par Okoyo. Les autres districts bien que frustrés boudent en silence et se contentent de la portion congrue qui leur est servie et jouent presque la figuration dans le plenum. Notre doyen, paix à son âme feu Richard Eyeni du PCT qui était d’Okoyo, a broyé à lui seul 20 ans à la présidence, de 2002 à 2022. Après lui, le frère Pierre Nzila, paix à son âme, lui aussi du PCT et originaire d’Okoyo n’a fait qu’un an de 2022 à 2023 », relève un conseiller pour qui, « le pire risque de se produire car actuellement seuls les cadres d'Okoyo se bousculeraient déjà entre eux, pour prendre encore la prestigieuse présidence du conseil ».

Même la puissante Association des parlementaires de la Cuvette-ouest(APCO) constituée des députés et sénateurs semble déjà impuissante, à l’instar des conseillers et populations de Mbama, Ewo, Kellé, Mbomo et Etoumbi face à cette tendance vraisemblablement irréversible.


DES FAVORIS NATURELS

Pourtant, pour le Sénat, la Cuvette-ouest est l’un des départements les plus équilibrés, avec presque un élu par district. Mais, la tendance qui se dessine, craignent certains, pourrait porter un coup à la cohésion départementale, si rien n’est fait pour réparer cette injustice. Si officiellement personne ne s’est prononcé, il ne serait pas mauvais que d’autres compétences et non les moindres soient mises à l’épreuve pour les trois ans de mandat, et peut-être pour l’avenir aussi. Ainsi, le vice-président Régis Ayayos qui semble bien tenir l’intérim du président serait en pole position. Lui qui vient d’Ewo, même si le poste serait aussi guetté par Abouri Dam, le membre du bureau politique PCT, candidat non investi par son parti aux législatives de 2022 puis aux sénatoriales de 2023 qui malheureusement pour lui, vient d’Okoyo.

Même si une source bien informée estime que malgré ses origines (Okoyo) l’ancienne maire d’Etoumbi, la sénatrice Pascaline Kibila Ngakoli serait favorite, il n’est pas cependant impossible que la frustration amène la désobéissance aux consignes du PCT, comme cela a déjà été le cas à Ouesso où malgré sa majorité, ce parti avait perdu le conseil municipal. C’est dans cette hypothèse du presque impossible miracle que pourrait bondir le président de l'Association nationale des élus locaux du Congo (ANELCO), le benjamin du conseil Omessé Lekébé (Kellé). Son association pourrait lui être d’une grande utilité dans le lobbying et peut-être l’alternance pour mettre une pause au règne sans partage d’Okoyo à la tête du conseil départemental de la Cuvette-ouest.

Les lobbys et autres groupes d'intérêt, de pression ou d'influence, anticiperaient déjà les choses en exerçant une influence sur des personnes ou des institutions publiques détentrices de pouvoir au PCT et ailleurs. Mais rien n’est acquis d’office.